LOUŸS (Pierre).
Les chansons de Bilitis.
Traduites du grec par Pierre Louÿs.
Illustrées par Suzanne Ballivet.
Bruxelles, Éditions du Carrefour, 1943.
In-8° (157 x 214 mm.) broché sous couverture à rabats, 209 p., bien complet de ses 16 planches hors-texte en couleurs, exemplaire numéroté sur Featherweight (n° 841), dos ridé présentant une petite mouillure à la queue.
Extrait du Dictionnaire
des œuvres :
Publiés
à Paris en 1894. Il s'agit d’un recueil de petits
poèmes que l’auteur prétendit avoir découvert
et traduit, d'après une poétesse grecque contemporaine
de Sapho. En vérité, l'apparente retenue qui caractérise
ces Chansons, leur enlève toute prétention
classique, et les place plutôt sous le signe des écrivains
postérieurs au Parnasse, et rappelle tout spécialement
les auteurs d'épigrammes de l'Anthologie Palatine,
depuis Méléagre de Gadara (dont Louÿs fut
le traducteur) jusqu'à Paul le Silentiaire. Il s'agit
donc d’une inspiration purement alexandrine ; d'ailleurs
le goût des parnassiens héllénisants fut
plus alexandrin que classique. L’auteur imagine que Bilitis
est née vers le VIe siècle av. J.-C. dans la Pamphylie
orientale. S'étant transférée à Mytilène
dans l’île de Lesbos, elle y aurait connu Sapho, laquelle
lui aurait appris l'art du chant et de la poésie. Le noyau
central des poèmes de Bilitis est composé par une
trentaine d'élégies (que l'on suppose avoir été
écrites à Mytilène), sur l'amitié
de Bilitis pour la jeune Mnasidika, amitié brusquement
interrompue par le départ de Bilitis pour Chypre.
La première partie de ce recueil a un
caractère éminemment bucolique : « Bucoliques
en Pamphylie », et évoque, entre autres choses,
les amours pastorales de Bilitis avec le jeune Lykas. La deuxième
partie, qui contient les « Élégies »
consacrées à Mnasidika (ce nom est emprunté
à un fragment de Sapho), est la plus ardente et, au point
de vue littéraire, la plus parfaite. La troisième
partie comprend un certain nombre d'épigrammes, « Épigrammes
dans l’île de Chypre », au style très
élégant, où Bilitis chante ses dernières
amours et le déclin de sa propre beauté :
« Le tombeau de Bilitis ». Ces petits poèmes
ne sont pas écrits en vers, mais dans une prose poétique
qui s'adapte mieux aux possibilités de l’auteur et
aux nécessités de sa fiction. Des descriptions
de paysages, très précieuses, et souvent maniérées,
alternent avec des scènes spécifiquement érotiques.
Cet ouvrage peut être considéré comme un
des moments les plus heureux, mais aussi comme le couronnement
et la conclusion du mouvement parnassien.
L'avis de Robert Desnos :
« L'érotisme de Pierre Louÿs,
c’est celui qu'on entrevoit le soir, à la clarté
des réverbères, qu'on imagine dans les ports cosmopolites...
celui qui suscitera toujours, malgré tout, notre tendresse
pour ces femmes, héroïnes à leur manière
d’un roman banal et mouvementé par monotonie. Qu’il
se retrouve aux mains de la dactylo, le soir dans un train de
banlieue ou sur la table de nuit de la chambre d'hôtel
où dort la grue, Aphrodite ou les Chansons de
Bilitis gardent leur pouvoir d'évocation ou d'invitation
à l'amour, au sens héroïque. »
Bibliographie :
- Laffont-Bompiani, Dictionnaire des
œuvres, t. I, p. 651.
- Pauvert (Jean-Jacques), Anthologie
historique des lectures érotiques, t. II, p.
926.
Vendu.
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